Pierre Marius Souchon, né le 10 octobre 1897 à Arles (Bouches-du-Rhône), est le fils de Marius Souchon, tailleur de pierres, et de son épouse, Marie Jehan. D’abord maçon, il est affecté, pendant la Première Guerre mondiale, aux 10e et 9e régiments de Cuirassiers, puis au 20e Dragons. En 1920, il est embauché comme manœuvre à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (PLM), à Arles. Il s’y marie en 1921, avec Delphine Camus. En 1941, père de deux enfants, il travaille comme conducteur de machines outils (fraiseur) aux Ateliers SNCF, ex-PLM.
Les Ateliers ferroviaires SNCF d’Arles emploient en 1940 plusieurs centaines d’ouvriers. Le Parti communiste clandestin s’y reconstitue rapidement. Le 6 juin 1941, la 9e brigade mobile de Marseille arrête Pierre Souchon et sept autres cheminots des ateliers d’Arles (Louis Deguilhem, Fernand Fournier, Charles Gardiol, Joseph Peloux, Adolphe Piche, Claude Pin, Charles Raymond) pour « menées antinationales » et distribution de tracts communistes. Pierre Souchon est emprisonné deux mois à Avignon, et jugé, en juillet 1941, par le tribunal correctionnel de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Transféré en août 1941 à la prison Saint-Pierre à Marseille (Bouches-du-Rhône), il est traduit, comme ses camarades, le 6 septembre 1941, devant la section spéciale du tribunal militaire de la XVe région. Celui-ci condamne les inculpés à des peines qui s’échelonnent de 20 ans de travaux forcés à 5 ans de prison, accompagnées d’amendes, de dégradation civique et d’interdictions de séjour. Pierre Souchon est condamné à 5 ans de travaux forcés, commués en 18 mois de prison.
Immédiatement révoqués de la SNCF, les huit cheminots sont incarcérés à la prison Saint-Roch de Toulon (Var) – c’est le cas de Pierre Souchon - ou à la centrale de Nîmes (Gard). Pierre Souchon et six d’entre eux sont transférés à la centrale d’Eysses, près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Ils participent, dans cette prison, à l’organisation communiste clandestine et, le 19 février 1944, à une tentative d’évasion collective qui échoue. La répression est féroce. Cinquante détenus sont pris comme otages et douze d’entre eux sont fusillés, le 23 février 1944, après condamnation par une cour martiale. Le 30 mai 1944, plus de 1 100 détenus d’Eysses sont transférés à Compiègne (Oise).
Le 18 juin 1944, un transport de plus de 2 100 hommes est organisé à partir de Compiègne pour le KL de Dachau (Allemagne), composé, pour moitié d’anciens détenus d’Eysses. Parmi eux, Pierre Souchon et quatre des huit cheminots arlésiens. Le convoi arrive à Dachau le 20 juin 1944, en fin d’après-midi. Pierre Souchon, immatriculé 74012, est transféré, le 18 août 1944, au KL de Mauthausen (Autriche) et affecté, le 31 août, au Kommando Linz III. Il y meurt le 23 mars 1945.
Pierre Souchon a obtenu les mentions « Mort pour la France » et « Déporté résistant ». Il figure sur la plaque commémorative des Ateliers d’Arles, (déplacée à la gare d’Arles) avec Louis Deguilhem, Fernand Fournier, Claude Pin, sous l’inscription : « Morts en camp de concentration ». À Marseille, son nom est gravé sur la colonne octogonale dédiée aux 446 agents SNCF « des 8e arrondissements morts pour la France », érigée dans le square de la gare Saint-Charles.