Arthur Élie Vigne naît le 14 février 1898 à Cendras dans la région minière du département du Gard. Ouvrier-mineur à Alès, il adhère à la CGT au lendemain de la Première Guerre mondiale, puis à la CGTU et aux Jeunesses communistes après la scission en 1921. Dans les années 1930, il exerce des responsabilités croissantes au sein du mouvement ouvrier : secrétaire de la Fédération régionale des mineurs CGTU à partir de 1934, puis de la Fédération CGT réunifiée à partir de 1936 ; il est aussi secrétaire du rayon communiste d’Alès, conseiller municipal d’Alès à partir de 1935 et gérant de la Tribune des Mineurs, mensuel syndical. Il est démis de toutes ses fonctions après le décret du 26 septembre 1939. Soldat au 155e RI, il est démobilisé le 14 juillet 1940 et revient à Alès. Comme beaucoup d’anciens responsables syndicaux, il essuie un refus d’embauche de la part des compagnies minières. Il travaille alors chez un entrepreneur, Henri Volpillière, qui accepte, en toute connaissance de cause, d’employer des « proscrits » dans les découvertes (mines à ciel ouvert) ou dans les gravières entre Alès et La Grand-Combe. Cette couverture permet aux militants comme Amador Alvarez ou Michel Lascaridès d’organiser un appareil clandestin dont le quartier général est situé à Pourcairagues, un hameau au-dessus de La Grand-Combe. L’organisation commence à diffuser des tracts dès la fin de l’été 1940 et parvient à s’implanter dans la plupart des localités minières.
Un arrêté d’internement administratif est pris contre Arthur Vigne le 2 décembre 1940. Prévoyant cette mesure, il avait quitté son domicile fin novembre pour entrer dans la clandestinité et se cacher dans des mas isolés de la région. Arthur Vigne assure les fonctions de responsable politique pour les départements du Gard et de la Lozère.
Début 1941, il est envoyé par la direction du Parti communiste dans la région centre-ouest pour organiser l’appareil clandestin et s’installe à Limoges au 5 faubourg d’Angoulême. Il est arrêté le 29 juin 1941 lors d’une rafle, et des tracts communistes sont retrouvés chez lui. Après la prison de Limoges, il est interné successivement à Périgueux jusqu’au 30 septembre 1941, puis à Pau jusqu’au 14 décembre 1941. Traduit devant la section spéciale du tribunal de la 12e division militaire siégeant à Périgueux, il est condamné le 22 décembre 1941 à vingt ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour. Incarcéré à Tarbes jusqu’au 8 octobre 1943, il est transféré le 11 octobre 1943 à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne), sous le numéro 390. Arthur Vigne participe aux événements des 9, 10, 11 décembre 1943 et au soulèvement patriotique des 19 et 20 février 1944, pour tenter une évasion collective. Le 19 février, aux côtés de son cousin, Jean Vigne, et de Louis Aulagne, il fait partie de l’équipe qui se trouvait à la porte Nord sous le feu des GMR. C’est là que Louis Aulagne fut mortellement atteint.
La tentative d’évasion se solde par un échec, douze détenus sont pris en otages et fusillés le 23 février 1944, dont son cousin. « Lors de l’appel des condamnés à mort, il était question de Vigne sans prénom. Sur interrogation de Jean Vigne : “lequel ?” Réponse : “Vigne et c’est tout.” Arthur m’a déclaré avoir entendu Jean Vigne murmurer : “Je suis seul, lui est marié et a deux enfants, j’y vais.” C’est toujours avec une grande émotion que Arthur Vigne me faisait état de ce haut fait de courage bien digne de l’époque » (témoignage de Ferrand, membre de la présidence de l’Association Buchenwald-Dora, le 21 janvier 1990).
Considéré comme faisant partie des meneurs avec 50 autres détenus politiques de la centrale, Arthur Vigne est transféré à la centrale de Blois le 12 mai. Il est conduit au camp de rassemblement de Compiègne le 12 juin 1944 et déporté le 17 août 1944. À son arrivée à Buchenwald le 22 août 1944, le matricule 78 758 lui est attribué et il est affecté au Block 32, puis au Block 26. En raison de l’approche des troupes alliées début avril 1945, les SS ordonnent l’évacuation du camp. Le 8 avril, Arthur Vigne est dans une colonne de déportés qui marchent en direction des Alpes bavaroises ; avec huit de ses camarades, ils réussissent à s’évader le 26 avril et passent les lignes américaines le 1er mai. Hospitalisé à Freising, au nord de Munich, il est rapatrié au centre d’accueil de Revigny-sur-Onain (Meuse) le 12 mai avant de regagner Alès le 15 mai 1945. Arthur Vigne est de retour chez lui le 15 mai 1945.
Après deux mois de repos, il reprend le travail et des responsabilités syndicales à la tête de la Fédération des mineurs. Il est élu conseiller général d’Alès en 1945, puis conseiller municipal d’Alès de 1953 à 1955. Lors de la nationalisation des mines, il est nommé président du conseil d’administration des Houillères des Cévennes, de 1945 à 1947 et membre du Conseil supérieur d’EDF.
Médaillé de la Résistance française par décret du 15 juin 1946, Arthur Vigne meurt en octobre 1972.