Emmanuel Bloch est né à Mulhouse (Haut-Rhin) le 25 juillet 1920 et mort le 9 avril 1999 à Niort (Deux-Sèvres). Son père, Roger est natif de Soultz (Haut-Rhin), où sa famille exerce le métier de boucher. Sa mère, Berthe Picard est native de Lachapelle-sous-Rougement (Territoire de Belfort partie du territoire national détaché du Haut-Rhin après la défaite de 1871). La fiche domiciliaire, document administratif de l’Alsace-Moselle, indique que la famille Bloch habite à Mulhouse de 1919 à la fin de l’année 1937 et quitte l’Alsace après le décès de Roger Bloch (1er juin), qui exerçait la profession de représentant. Berthe Bloch et son fils Emmanuel s’installent alors à Belfort.
Emmanuel Bloch fait des études à l’école nationale d’optique et de lunetterie à Morez (Jura). Il devance l’appel et s’engage comme volontaire en février 1939 (classe 39/2), intègre l’école d’officiers de réserve (EOR), est affecté à l’école technique de l’armée de l’air à Abbeville. Il est démobilisé avec le grade de sous-lieutenant le 14 août 1940. Il s’installe alors avec sa mère à Montluçon (Allier) où ils sont obligés de se faire recenser en vertu de la loi sur le statut des Juifs prise le 2 juin 1941 par l’Etat de Vichy. Après une période de chômage, il trouve un emploi d’ouvrier à la SAGEM (Société d’applications générales d’électricité et de mécaniques) le 21 janvier 1941 où il monte rapidement en compétence (dessinateur le 30 mars 1941, adjoint à l’ingénieur en chef le 29 avril 1942).
Pendant toute cette période, Emmanuel Bloch participe à différentes actions de la résistance sous la bannière du mouvement Combat où il dépend directement de Jacques Renouvin (1905-1944). A Montluçon, mais aussi à Clermont il retrouve d’autres Mulhousiens (notamment Pierre Kessler, Alphonse Kienzler et Roger Schaeffer), étudiants à l’université de Strasbourg repliée. Un document de l’état-major particulier du général de Gaulle (3 novembre 1942) atteste qu’Emmanuel Bloch est recommandé par des amis d’enfance mulhousiens nommés Lévy dont l’un, Raymond, pharmacien dans un hôpital militaire en Angleterre, échange du courrier avec son frère à Clermont par la Suisse. Emmanuel Bloch participe à différentes opérations de plus en plus importantes : travail de propagande, destruction d’affiches de la Révolution nationale, bris de vitrines, transport de documents vers Clermont remis à Francisque Fabre (futur directeur général de La Montagne), sabotages de pièces de l’usine Sagem qui livre du matériel optique à l’Allemagne, organisation du sabotage chez Dunlop en liaison avec les ingénieurs de l’entreprise, gestion de matériel après cinq parachutages près de Montluçon puis répartition des armes livrées, attentat à l’explosif contre le bureau de placement de travailleurs pour l’Allemagne situé à Montluçon.
Pendant cette période qui court du 15 juin 1941 date de son adhésion au groupe Rochon (Pierre Kahan alias Dupin, Brulard, Cantal) puis à Combat début avril 1942 jusqu’à son arrestation le 8 septembre 1942, Emmanuel Boch, alias Berthault, s’est vu confier toujours plus de responsabilités. Il est rapidement nommé agent P2 (rémunéré), sa bonne connaissance de la langue allemande est un atout. Tout d’abord chef de la ville (Montluçon) chargé de former des groupes-francs, il devient chef départemental de ces groupes dès le 1er juin, puis chef régional d’un territoire couvrant Clermont-Ferrand et Montluçon. Il est arrêté une première fois le 12 juillet 1942 et relâché le lendemain. Son nom aurait été retrouvé dans un carnet appartenant à Michel Renouvin, frère de Jacques. Se sentant menacé et repéré, il demande à changer de département, en vain. Il est arrêté à Montluçon par la brigade antiterroriste de l’Etat français le 8 septembre 1942 peu après l’attentat de la nuit du 4 au 5 septembre contre le bureau de placement à Montluçon.
S’en suit un long parcours carcéral, judiciaire, puis de déportation. Il est d’abord retenu administrativement au camp de Nexon (Haute-Vienne) pendant six jours, puis au camp voisin de Saint-Paul d'Eyjeaux (14 septembre 1942 - 25 octobre), incarcéré à Clermont-Ferrand (25 octobre – 20 juin 1943), Saint-Paul à Lyon (20 juin – 16 novembre). Le 23 septembre 1943 il est condamné à 12 ans de travaux forcés par le tribunal d’Etat de Lyon. La suite de son parcours passe ensuite par Eysses (17 novembre 1943 – 1 juin 1944), Compiègne (2 juin 1944 – 16 juin), Dachau (Bavière) où il arrive le 20 juin. A Dachau il parvient à constituer des groupes de résistance. Il participe notamment au sabotage de la réparation de télémètres. Il est libéré le 30 avril 1945 par les Américains, souffre du typhus et décide de partir à pied avec deux compagnons déportés dont Roger Schaeffer. Il parvient ensuite à rallier le poste de commandement du 12e cuirassier à Herrsching am Ammersee à une cinquantaine de kilomètres puis le quartier général de Leclerc à Diessen non loin de là.
Après la Libération, il est nommé fonctionnaire à la présidence du gouvernement. La médaille de la Résistance française avec rosette lui est décernée par décret du 3 août 1946.