Fils d’Emile Blatz, voiturier, et de Marie, née Hamm, Emile Blatz est né le 17 décembre 1919 à Turckheim (Haut-Rhin). Le 8 juin 1940, il est appelé à l’activité militaire au 133e régiment d’infanterie qui est engagé dans les combats en Moselle le long du canal de la Marne au Rhin près de Kalhausen. Il est démobilisé le 30 décembre 1940 et rentre dans une Alsace annexée de fait par l’Allemagne.
Appelé dans le cadre du travail obligatoire pour le Reich nazi (Reicharbeitsdienst ou RAD) qui précède l’incorporation de force (ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, chef administratif du Gau Oberrhein en date du 25 août 1942), il quitte clandestinement l’Alsace le 21 mars 1942 par une filière d’évasion qui lui permet de gagner la Suisse voisine puis Lyon (Rhône) où il est domicilié 81 rue Rabelais. Il prend la fausse identité de Jean Clément, né à Senones (Vosges) le 17 décembre 1942 et trouve un emploi comme tourneur sur fer. Les Alsaciens réfractaires de l’armée allemande utilisent fréquemment une fausse identité. A Lyon, il retrouve d’autres évadés alsaciens engagés dans la Résistance dans le mouvement Combat.
Il est arrêté par la police française à son domicile le 23 juin 1943, mis sous mandat de dépôt à la prison Saint-Paul le 28 juin. Trois compatriotes sont témoins de l’arrestation : Lucien Goetz et son épouse, Paul Hirlemannn et Robert Clor. Il lui est reproché de détenir des tracts ainsi que des explosifs utilisés dans le cadre de sabotage de voies ferrées et de transformateurs. C’est probablement une dénonciation par un membre de son groupe arrêté précédemment qui a causé sa perte. Le procès se tient le 6 décembre 1943 devant la section spéciale de la cour d’appel de Lyon. Dix personnes comparaissent dans cette affaire. Emile Blatz est condamné à un an de prison et 12 000 francs d’amende (environ 2 000 euros) pour « activité antigouvernementale et détention d’explosifs ». Dans ce même procès, comparaît aussi l’instituteur alsacien Albert Kiefer. Il est transféré à la maison centrale d’Eysses le 12 janvier 1944 d’où il est libéré le 28 mars 1944 peu avant la fin de sa peine.
Il retourne à Lyon, trouve un emploi dans une entreprise de construction d’appareils chirurgicaux. Il rejoint ensuite les maquis de l’Ain à Bourg-en-Bresse en juillet. Le 1er novembre, il s’engage dans la brigade indépendante Alsace-Lorraine (BIAL) pour la durée de la guerre. Cette unité fait partie de la 1ère armée qui va participer à la libération de l’Alsace au cours de l’hiver 1944-1945. Il est démobilisé le 23 mars 1945.
La chambre de révision de la cour d’appel de Lyon annule sa condamnation le 20 décembre 1944.
Emile Blatz décède à Colmar le 14 février 2009.