René SESTON
Association Eysses
  • Informations
    • Nom : SESTON
    • Prénom(s) : René
  • Etat civil
    • Date de naissance : 19/10/1914
    • Ville de naissance : Piegros-la-Clastre
    • Département de naissance : Drôme
    • Pays de naissance : France
    • Profession avant guerre :
      - cultivateur
    • Date de décès : 24/01/2008
    • Lieu de décès : Bourg-Saint-Andéol (Ardèche)
  • Arrestation et condamnation
    • Date d'arrestation : 23/2/1943
    • Lieu d'arrestation : Pierrelatte
    • Département d'arrestation : Drôme
    • Motif(s) de condamnation :
      - Activité communiste
    • Parcours carcéral :
      - Valence
      - Grenoble
      - Lyon
      - Eysses
      - Compiègne
  • Eysses
    • Numéro d'écrou à Eysses : 2428
    • Motif de la levée d'écrou : Remis aux autorités allemandes
    • Date de la levée d'écrou : 30/05/1944
  • Déportation
    • Déporté
    • Lieu de départ : Compiègne
    • Date de départ : 18/06/1944
    • Parcours concentrationnaire :
      - Dachau
      - Allach (Kdo Dachau)
    • Matricule : 74003
    • Situation en 1945 : Libéré
    • Date : 30/04/1945
    • Lieu : Allach

René SESTON

Par : Eric Bernard

Fils aîné d’Émile Seston, agriculteur, et de Céline Signovert, sans profession, René Émile Seston naît le 19 octobre 1914 à Piégros-la-Clastre dans la Drôme. Après avoir habité huit ans Portes-lès-Valence, il s’installe avec ses parents et sa sœur dans le Vaucluse à compter de novembre 1927, d’abord à Lamotte-du-Rhône et ensuite à Lapalud en 1934. Après son certificat d’études primaires, il travaille comme salarié agricole dans l’exploitation parentale. Très tôt acquis aux idées communistes, il va commencer dès ses 16 ans une activité militante au sein du Parti communiste. De 1934 à 1936, il effectue son service militaire dans l’artillerie. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est mobilisé et envoyé à Sedan puis doit se replier à Culan dans le Cher où son unité reçoit au printemps 1940 l’ordre de déposer les armes. Démobilisé en juin, il retrouve les siens à Lapalud et se marie en octobre 1940. Il vient alors habiter et travailler chez ses beaux-parents, agriculteurs à Pierrelatte.

Parallèlement à sa vie conjugale et de salarié agricole, toujours animé par un fort esprit de résistance, René Seston, décide de poursuivre son activité au sein de la cellule communiste locale désormais clandestine. En mai 1942, il rejoint les FTPF de la Drôme et participe à la formation des premiers maquis de la basse Drôme et à leur ravitaillement ; maquis vers lesquels René Seston va acheminer de nombreux réfractaires du STO. Il organise la cache, dans des fermes de la région, de nombreux résistants FTPF recherchés par la police spéciale de Vichy. Responsable du secteur de Pierrelatte, il organise également les premiers sabotages et des actions visant à se procurer des armes. Après une enquête de la brigade de police mobile de Montpellier, des opérations de police ont lieu dans la région de Pierrelatte en février et mars 1943. Avec 13 autres communistes, René Seston est arrêté, écroué à la prison de Valence où il reste jusqu’à la mi-mai. Il est ensuite transféré à la prison de Grenoble où doit se tenir son procès devant la section spéciale de Grenoble qui le condamne le 9 juin 1943 à 30 mois de prison et 1 200 F d’amende pour « reconstitution de ligne dissoute ».

Le 15 octobre 1943, il est transféré à la centrale d’Eysses de Villeneuve-sur-Lot où il reçoit le matricule 2428 et est affecté au préau 2. Très vite, René Seston va trouver dans cette centrale une véritable école de la vie où l’instruction et la réflexion vont plus que jamais nourrir son esprit de résistance. Il prend ainsi une part active dans la mise en place d’organisations internes de solidarité à travers notamment la création de groupes d’internés chargés de répartir équitablement la nourriture envoyée par les familles entre ceux qui reçoivent des colis et ceux qui en sont dépourvus. René Seston appartient également au groupe qui réceptionne et cache les armes et les munitions fournies par la Résistance extérieure. Membre de l’organisation militaire clandestine de la centrale, il participe activement à la tentative d’évasion des 19 et 20 février 1944.

Le 30 mai 1944, René Seston et ses codétenus sont remis par les autorités de Vichy à la division SS Das Reich pour être envoyés au camp de Compiègne-Royallieu où il arrive le 3 juin. Il en repart le 18 juin, pour le camp de concentration de Dachau. Arrivé le 20 juin, il est immatriculé 74003 et dirigé début juillet vers le Kommando extérieur d’Allach où il répare des moteurs d’avions de chasse à l’usine BMW. Porté par son esprit de résistance, il parvient à se procurer un poste de radio clandestin et communique à ses camarades les nouvelles du front émises par Radio Londres. Il voit la fin de son calvaire avec la libération d’Allach par les troupes américaines le 30 avril 1945. Resté au camp durant le mois de mai, René Seston est chargé d’organiser à la tête d’une équipe le transport des corps de déportés décédés vers une gravière située à l’extérieur du camp et utilisée comme fosse commune. À cette occasion, il aide un jour 12 camarades (1) à « sortir » du camp, ce qui lui vaudra d’être emprisonné deux jours par le service d’ordre américain qui, craignant une propagation du typhus à l’extérieur du camp, interdit toute sortie aux déportés. Le 25 mai, il quitte Dachau pour l’île de Reichenau avant de rejoindre par train sanitaire le centre de rapatriement de Mulhouse le 30 mai. Début juin, il retrouve enfin sa famille à Pierrelatte.

Vice-président de la Fédération départementale des exploitants agricoles, il poursuit son militantisme au sein du PC et se présente aux élections législatives de 1958. Plus tard, de 1983 à 1989, il sera conseiller municipal de sa ville. Reconnu déporté résistant, il n’aura de cesse jusqu’à la fin de sa vie de témoigner auprès d’associations et d’établissements scolaires pour « dire, raconter, expliquer » et accomplir ainsi un véritable travail de mémoire.
René Seston décède à Bourg-Saint-Andéol le 24 janvier 2008. Son nom a été donné à un square de Pierrelatte.


(1) Dont Pierre Doize, Stéphane Fuchs, Victor Michaut, Georges Briquet et Pierre (dit René) Fontbonne.

Sources

  • Service historique de la Défense - Vincennes : GR 16P546642
  • Archives départementales du Lot-et-Garonne : 940 W 114
  • Arolsen Archives :
  • Site Internet : Archives électorales en ligne de Sciences Po (Voir)
  • Archives privées : Compte rendu d’interview de René Seston, Pierrelatte le jeudi 6 et le dimanche 16 mars 2003, Michel Seyve
  • Site Internet : (Voir)

Bibliographie

Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre/Notre Temps, 2006

Album photos

René Seston, à gauche
PDF
Témoignage manuscrit de René Seston