Robert Jean ROSSI
Musée de l'Ordre de la Libération
  • Informations
    • Nom : ROSSI
    • Prénom(s) : Robert Jean
  • Etat civil
    • Date de naissance : 06/03/1913
    • Ville de naissance : Ixelles
    • Pays de naissance : Belgique
    • Profession avant guerre :
      - commerçant
    • Date de décès : 18/07/1944
    • Lieu de décès : Signes (Var)
  • Arrestation et condamnation
    • Date d'arrestation : 19/10/1943
    • Lieu d'arrestation : Toulouse
    • Parcours carcéral :
      - Toulouse
      - Eysses
      - Sisteron
  • Eysses
    • Motif de la levée d'écrou : Transféré
    • Destination de la levée d'écrou : Sisteron
  • Reconnaissance
    • Compagnon de la Libération
    • Médaille de la Résistance
    • A titre posthume
    • Date du décret MRF : 24/04/1946

Robert Jean ROSSI

Par : Robert Mencherini

Robert Jean Rossi, né le 6 mars 1913, à Ixelles-les-Bruxelles (Belgique), passe ses années d’enfance et d’adolescence à Marseille, où sa famille réside. Il fait toutes ses études secondaires au lycée Thiers où il entre, en 1924, en classe de 6e. Il réussit, en 1933, le concours d’entrée à l’École polytechnique (X33). Cette année voit l’accession d’Hitler au pouvoir en Allemagne et, à Polytechnique, la déclaration officielle du Centre polytechnicien d’études économiques, dit « groupe X-Crise », dont le nom dit le programme. Les années suivantes sont marquées par l’activisme des Ligues et la montée du Rassemblement populaire. Les étudiants des grandes écoles sont confrontés, à Paris, à un climat de grande agitation politique. Robert Rossi ne peut y échapper. Il choisit de participer, comme d’autres de ses condisciples, à des groupes de réflexion de gauche qui se réclament du marxisme. Il fréquente le socialisant Groupe polytechnicien d’études collectivistes, dissident de « X-Crise », et devient membre de celui, assez informel, des « Ricard », qui se réunit à l’Université ouvrière et donne, sous cette signature collective, des articles à la presse communiste. Il y côtoie des élèves de l’École des Ponts et Chaussées, comme Raymond Aubrac ou d’autres polytechniciens comme Max Barel ou Maurice Rousselier, également issus de la promotion X33. Il y noue des amitiés qui se prolongent après son départ de Paris.

À sa sortie de l’École polytechnique en 1935, Robert Rossi fait le choix de l’aviation et intégre l’École militaire et d’application de l’armée de l’Air, à Versailles. Breveté pilote en 1936, il devint observateur, puis commandant d'avion. Affecté à la 21e Escadre à Nancy, il est ensuite directeur des études à l'École de l'Air de Bordeaux, en Gironde, puis à celle de Salon, dans les Bouches-du-Rhône. Il se marie avec Ida Constanza Augusta Assael, dont il a un enfant, né à Marseille, le 14 juillet 1937. Après la défaite, Robert Rossi est mis en congé d’armistice en décembre 1940.

Il rejoint la Résistance dans la région toulousaine (dite « région 4 ou R4 ») où certains de ses amis, comme Maurice Rousselier et Jean-Pierre Vernant, engagés dans le mouvement Libération-Sud, développent son secteur paramilitaire. Robert Rossi, devenu élève de l’École nationale supérieure d’aéronautique de Toulouse, participe, comme adjoint de Rousselier, à la mise en place de l’Armée secrète et à la constitution de dépôts d’armes. Il porte alors, au sein des Mouvements unis de Résistance (MUR, qui incluaient Libération-Sud), le pseudonyme de Perret.

En octobre 1943, Robert Rossi est arrêté par la police de Vichy, avec d’autres résistants, dont Victor Leduc, alias Grandgirard, et Jeanne Modigliani. Les hommes sont incarcérés à la centrale d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne. Ils y sont logés dans un bâtiment à part, comme tous les « internés administratifs » (détenus non condamnés, à la différence des prisonniers). Robert Rossi participe à l’auto-organisation clandestine des internés auxquels il donne des cours et dont il assure la responsabilité militaire. Lorsque les autorités françaises décident de les transférer en zone Nord, les internés refusent et, les 9 et 10 décembre 1943, se barricadent dans leur dortoir. Soutenus par l’ensemble des prisonniers, qui, par une mobilisation massive, font reculer les groupes mobiles de réserve (GMR) appelés pour mater la révolte, ils obtiennent gain de cause. L’administration pénitentiaire décide alors de transférer tous les internés administratifs au camp de Carrère, à proximité d’Eysses, puis à la citadelle de Sisteron, dans les Basses-Alpes. Robert Rossi et ses amis font partie du convoi qui arrive à Sisteron dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943.

Robert Rossi ne demeure que peu de temps prisonnier de la citadelle. L’état-major AS de la région de Toulouse organise son évasion, ainsi que celles de trois autres détenus, dont Victor Leduc, avec l’aide du réseau de policiers Ajax. Il utilise pour cela de faux télégrammes officiels ordonnant leur libération. Robert Rossi en est informé par son épouse lors d’une visite. Les quatre « libérés » quittent effectivement la citadelle le 10 janvier 1944.

Robert Rossi reprend ses activités résistantes dans la région de Marseille (dite « région 2 ou R2 »), sous le pseudonyme de Levallois. Il est nommé, en avril 1944, chef régional des Corps francs de la Libération (CFL), liés au Mouvement de Libération nationale (MLN, ex-MUR), puis chef régional des Forces françaises de l’intérieur (FFI) qui rassemblent les diverses formations clandestines armées. Il est, à ce titre, lors de la mobilisation qui accompagne en Provence le débarquement de Normandie, en désaccord avec le capitaine Lécuyer, Sapin, de l’Organisation de Résistance de l’armée (ORA), chef de l’état-major FFI. Celui-ci entendait, à partir de son PC de Barcelonnette, en dépit de l’échec sanglant d’une partie des maquis de juin 1944 et des contre-ordres, organiser et maintenir des maquis dans les parties montagneuses de la région. Robert Rossi démet Sapin de ses responsabilités et s’affirme favorable à la préparation d’une insurrection appuyée sur la grève générale dans les régions urbaines, stratégie préconisée par le courant communiste. La rupture était donc consommée au niveau de l’état-major régional. L’ORA continue son action, de manière indépendante, dans les Alpes, parfois avec des accords locaux avec les autres organisations. Robert Rossi est soutenu par le MLN et les FTP. Après la période mouvementée de la montée aux maquis de juin, il a des contacts étroits avec la mission interalliée dirigée par le commandant Henry Chanay, Michel, Grand Michel, et le délégué militaire régional (DMR) envoyés par Alger.

Robert Rossi est arrêté le 16 juillet 1944 à Marseille, au domicile de son père, 18 traverse-Sainte-Rose, dans le quartier de La-Blancarde (4e arrondissement) par les hommes du SIPO-SD (la Gestapo) menés par Ernst Dunker-Delage. Selon le témoignage de ce dernier lors de ses interrogatoires à la Libération, il aurait été conduit à cette adresse par le jeune agent de liaison de Robert Rossi, arrêté peu de temps auparavant.

Robert Rossi est détenu au siège de la Gestapo à Marseille, 425 rue-Paradis. Il figure à deux reprises dans le registre de saisies de la police de sécurité allemande (SD), page 129 sous le numéro 939, et page 133 sous le numéro 971, les deux fois à la date du 10 août 1944, comme Widerstand regional Chef (chef régional de la Résistance). Il était en possession de 540 300 francs et d’une machine à écrire Remington. Il est à noter que les dates mentionnées dans ce registre correspondent rarement à celles des arrestations effectives.

Robert Rossi apparaît sous le numéro 23 dans le « rapport Antoine », dans lequel, le 11 août 1944, Ernst Dunker-Delage établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. Il est mentionné, à côté de son nom : « Membre de l’exécutif – chef régional FFI- chef régional CFL. On a trouvé chez Rossi des documents importants sur son activité des derniers mois. En ce qui concerne Rossi, il s’agit d’un résistant particulièrement actif et intelligent, il a dirigé depuis des mois la Résistance armée dans notre secteur ». Sa femme occupe le numéro suivant (24) du même rapport. Arrêtée le même jour, elle est transmise par Dunker à la section juive le 29 juillet.

Robert Rossi est fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 688), est parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata des fractions irradiées du crâne, avec enfoncement de la base du crâne et au niveau du front. Ces lésions avaient été provoquées par des coups assénés avec violence avec un instrument contondant.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, Robert Rossi y est inhumé.

Robert Rossi a été reconnu interné résistant et Mort pour la France. Nommé colonel à titre posthume en mars 1945, il est Compagnon de la Libération, chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille de la Résistance française et de la croix de guerre 1939-1945. Son nom a été donné au boulevard-Paul, dans le 4e arrondissement de Marseille et à l’aéroclub d’Eyguières. Il fut également attribué à la promotion 1981 de l’École de l’Air de Salon-de-Provence.

Sources

  • Service historique de la Défense - DAVCC Caen : 21P 532 977 ; 27 P 45
  • Archives nationales : 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944
  • Archives départementales des Bouches-du-Rhône : 58 W 20, Interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945

Bibliographie

- Victor Leduc, Les Tribulations d’un idéologue, Paris, Éd. Syros, 1986, pp. 66-74
- Laurent Douzou, La désobéissance. Histoire du mouvement Libération-Sud, Paris, Odile Jacob, 1995, pp. 194, 250, 396
- Marc-Olivier Baruch, Vincent Guigueno, Le choix des X. L’École polytechnique et les polytechniciens, 1939-1945, Paris, Fayard, 2000
- Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, réed. 1990, p. 183 et sq., p. 322 et sq.
- Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977
- Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962
- Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 308
- Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, pp. 538, 592-595, 605, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 44, 52, 56, 59.

Liens externes

"Robert Rossi" par Vladimir Trouplin
"ROSSI Robert [Pseudonymes dans la Résistance : Perret, Levallois]" , par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 8 mars 2015, dernière modification le 19 février 2025.

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