Jean MATIFAS
MRN Champigny-sur-Marne, fonds Eysses
  • Informations
    • Nom : MATIFAS
    • Prénom(s) : Jean
  • Etat civil
    • Date de naissance : 18/06/1925
    • Ville de naissance : La Rochelle
    • Département de naissance : Charente-Maritime
    • Pays de naissance : France
    • Profession avant guerre :
      - électricien
    • Date de décès : 05/08/2012
    • Lieu de décès : La Rochelle (Charente-Maritime)
  • Résistance
    • Organisation(s) de résistance :
      - Jeunesses communistes
      - FTP
      - FTP détachement Liberté (Charente-Maritime)
  • Arrestation et condamnation
    • Date d'arrestation : 5/10/1943
    • Lieu d'arrestation : La Rochelle
    • Département d'arrestation : Charente-Maritime
    • Juridiction de condamnation : Section spéciale - Poitiers
    • Date de condamnation : 27/11/1943
    • Motif(s) de condamnation :
      - Destruction et dégradation d'objets d'utilité publique. Infractions commises en vue de favoriser le terrorisme.
    • Peine infligée : Réclusion
    • Durée de la peine : 5 ans
    • Parcours carcéral :
      - La Rochelle
      - Poitiers
      - Niort
      - Eysses
      - Compiègne
  • Eysses
    • Date d'arrivée à Eysses : 18/12/1943
    • Numéro d'écrou à Eysses : 654
    • Préau ou autre affectation :
      - Préau 2
    • Nom du gourbi : Les terros
    • Compagnie de combat : 2e Cie Prunières
    • Section de combat : Kahn Jacques
    • Groupe de combat : Casazza
    • Motif de la levée d'écrou : Remis aux autorités allemandes
    • Date de la levée d'écrou : 30/05/1944
    • Durée de détention : 0 an(s), 5 mois, 12 jour(s)
  • Déportation
    • Déporté
    • Lieu de départ : Compiègne
    • Date de départ : 18/06/1944
    • Parcours concentrationnaire :
      - Dachau
      - Kempten (Kdo Dachau)
      - Dachau
    • Matricule : 73732
    • Situation en 1945 : Libéré
    • Date : 29/04/1945
    • Lieu : Dachau
    • Date de rapatriement : 28/05/1945
  • Reconnaissance
    • Statut : Déporté résistant

Jean MATIFAS

Par : Laura Matifas

Jean Matifas, fils de Louis Matifas, conducteur d’automobiles et membre du Parti communiste français, et de Georgette Denieul, naît le 18 juin 1925 à La Rochelle. Son grand-père paternel, Eugène Matifas (né à Paris vers 1850) était ouvrier couvreur et franc-tireur pendant le siège de Paris en 1870 par les Prussiens. Son grand-père maternel, Jean-Baptiste Denieul (né en 1853) était tailleur de pierres et fervent dreyfusard. Jean fait sa scolarité à La Rochelle, où il obtient son certificat d’études primaires ainsi que son certificat d’aptitude professionnelle.

En janvier 1943, sur proposition d’Émile Tixier, un camarade d’atelier de la Société aéronautique de l’Atlantique de La Rochelle, il s’engage dans la Résistance auprès des Jeunesses communistes alors qu’il n’a que 17 ans. Peu après, il rejoint les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et plus particulièrement le détachement Liberté (région Sud-Ouest), sous le matricule 503. Il est nommé membre du triangle de la direction départementale, puis chef adjoint en mai 1943.

Après les combats avenue Jean Guiton à La Rochelle, il est arrêté le 5 octobre 1943 par Rousselet, commissaire à la brigade de police spéciale de Poitiers (SAP). Après cinq jours de détention et d’interrogatoires à Lafond (La Rochelle), puis deux mois à la prison de La Pierre-Levée (Poitiers), la section spéciale de justice de la cour d’appel de Poitiers le condamne à cinq ans de réclusion le 27 novembre 1943. Par la suite, il est transféré de la maison d’arrêt de Niort (Deux-Sèvres) à la maison centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) le 18 décembre 1943, où il reçoit le matricule 654.

Dès son arrivée à la centrale, il adhère immédiatement aux Jeunesses communistes, puis s’engage dans les rangs du bataillon clandestin de la centrale. Il participe ensuite, en tant qu’agent de liaison de l’état-major, aux combats des 19 et 20 février 1944 dans le but de rejoindre les maquis de la région. Malheureusement, c’est un échec : douze hommes sont fusillés. À la suite de ces événements, Jean et 1 200 de ses compagnons du bataillon sont transférés au camp de Compiègne par les SS de la division Das Reich le 30 mai 1944, après trois jours éprouvants dans des wagons en bois. Ils sont finalement déportés à Dachau le 18 juin 1944, le jour de ses 19 ans. Le voyage est encore plus pénible : 120 personnes entassées par wagon durant trois jours et deux nuits sans ravitaillement, sans eau et avec très peu d’air. Grâce à la discipline et à la solidarité interne des Eyssois, il n’y aura qu’un seul mort.

Arrivé à Dachau, Jean reçoit le matricule n°73732. Avec le soutien du Parti communiste allemand clandestin, Jean et ses camarades Eyssois participent à l’organisation clandestine du camp, sous la direction de Victor Michaut et de Roger Linet (pour les communistes), et du général Delestraint, de Louis Terrenoire et d’Edmond Michelet (pour l’Armée secrète). Après le 14 juillet, Jean répond par l'affirmative pour être dirigé sur Kempten. Son collectif de Français est logé dans les écuries d’un cirque ; les autres nationalités sont dans l’arène, bâtiment en dur. Son collectif va s’organiser et désigner leurs responsables : le chrétien gaulliste Louis Terrenoire, le communiste Hildebert Chaintreuil et Adrien Duqueroix pour les jeunes communistes clandestins dont il fait partie. Ils vont, pour la solidarité, reformer leurs groupes de 10 comme à Eysses.

Vers la fin de l’hiver 45, Jean, atteint par l’avitaminose est renvoyé à Dachau dans le bloc de quarantaine, le mouroir. Par chance reconnu par un camarade d'Eysses, il est hospitalisé au Revier durant une semaine puis retour au bloc 27, jusqu’à la libération.

Le 29 avril 1945, l’armée américaine libère le camp de Dachau, qui passe alors sous l’autorité du Comité international. Jean participe à l’arrestation des SS français camouflés dans le camp et les convoie jusqu’à Lörrach le 28 mai 1945 pour les livrer à la police militaire française.

Rapatrié à La Rochelle le 6 juin 1945, il reçoit sa première carte du Parti communiste le matin même. L’après-midi, il devient permanent de l’Association nationale des amis des francs-tireurs partisans (ANAFTP). Celle-ci prendra ensuite le nom d’ANAFTP-FFI, puis d’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR). La même année, Jean participe à la création de la section départementale de Charente-Maritime de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP), puis de celle de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC).

Après la guerre, Jean obtient le grade de sous-lieutenant le 14 mars 1947. Il est ensuite élu membre du Comité fédéral du Parti communiste français. En août 1945, il participe à la fondation de l’Amicale des anciens détenus de la centrale d’Eysses dont il est élu membre du comité directeur, puis vice-président national, et enfin, président de la section Limoges Centre-Ouest.

Jean devient également vice-président de l’Amicale des anciens de Kempten-Kottern et est élu membre du comité national de la FNDIRP. Nommé membre du jury du concours national de la Résistance et de la déportation par l’inspecteur d’académie, ainsi que membre du conseil départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre par le préfet, il est également vice-président de l’Union départementale des anciens combattants et de la Fédération de la Résistance.

En 1956, convoqué par le tribunal militaire et condamné à 30 000 francs d'amende pour avoir participé au blocage des trains de rappelés en partance pour l'Algérie, Jean se voit ajourné pour la légion d'honneur, situation qui sera rétablie bien des années plus tard, et grâce à l'intervention de Louis Terrenoire.

Le 4 octobre 1947, Jean Matifas épouse Éliane Le Solliec, rencontrée à la permanence du Parti communiste français à La Rochelle. Cinq enfants naissent de leur union : Marie-Claude, Françoise, Michel, Daniel et Frédérique.

Il est décoré de la croix de Combattant volontaire de la Résistance (le 18 janvier 1962), de la croix de chevalier de la Légion d’honneur (le 9 novembre 1983), de la croix de guerre avec palme, puis est promu officier de la Légion d’honneur (le 7 novembre 1990). Enfin, il est élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur le 2 mai 2003.

La majeure partie de sa vie professionnelle est consacrée à l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf).

Jean décède à La Rochelle le 5 août 2012 à l’âge de 87 ans. Une rue porte désormais son nom dans le quartier Renaissance (ancienne caserne Mangin, boulevard de Cognehors) depuis le 8 février 2020.

Sources

  • Archives départementales de Charente-Maritime : Fonds Jean MATIFAS, 252 J

Album photos