 
            Né le 6 octobre 1915 à Chalindrey (Haute-Marne), dans une famille cheminote de six enfants (quatre garçons et deux filles), orphelin de père, Fernand Kittler fréquente le centre d’apprentissage de Chalindrey, où il obtient son CAP d’ajusteur. Déjà employé des chemins de fer de l’Est et membre des Jeunesses communistes, il effectue son service militaire au 15e Génie de Toul en 1935, puis entre à la SNCF. Rappelé en 1938, il part au Maroc pour exercer diverses fonctions dans les chemins de fer. Il s’y trouve encore lorsque les Allemands envahissent la France.
De retour à Chalindrey, au dépôt ferroviaire, il rejoint un groupe de cheminots qui facilite le passage entre les deux zones. Entre février 1941 et juin 1942, il mène différentes missions dans l’Yonne et en Côte-d’Or. Envoyé ensuite en Savoie par la direction des FTP, il est arrêté une première fois pour avoir déposé une gerbe au monument aux morts d’Ambérieux à l’occasion du 11 novembre 1942. Emprisonné, il est relâché quelques semaines plus tard.
Le 13 janvier 1943, il est de nouveau arrêté à Annemasse et brutalisé par la police allemande. Condamné à cinq ans de prison par la justice de Vichy, il passe par la prison de Grenoble, puis est incarcéré à la centrale d’Eysses, où il participe à l’insurrection de février 1944 dans le groupe de Morcel (section Esparcieux). Son groupe de choc est chargé de l'attaque du mirador de l'infirmerie.Transféré à Royallieu, il est déporté le 18 juin 1944 vers Dachau, d’où il est libéré, inconscient, le 4 juin 1945 par l’armée américaine. Il ne pèse alors plus que vingt-cinq kilos, et les soldats manquent de le croire mort.
Les libérateurs l’envoient ensuite au centre hospitalier du lac de Constance pour plusieurs mois de soins. Rétabli, Fernand Kittler reprend ses activités politiques et se présente, sans succès, aux élections cantonales de Fayl-Billot (Haute-Marne) en septembre 1945, puis aux législatives de juin et novembre 1946. Secrétaire fédéral du PCF en Haute-Marne à partir de 1946, il reste membre du comité fédéral jusqu’aux environs de 1970.
Candidat à plusieurs élections cantonales (Fayl-Billot en 1949, Nogent en 1951, Andelot en 1964, et Longeau en 1967), son activité militante demeure concentrée dans le sud de la Haute-Marne. Élu à la municipalité de Rochefort-sur-la-Côte en 1959 et 1965, où travaillait son épouse — responsable départementale de l’Union des femmes françaises (UFF) au début des années 1950 — il joue également un rôle syndical important. Secrétaire général de l’Union départementale CGT de 1948 à 1954, il assure aussi le secrétariat de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) pour la Haute-Marne, et s’implique dans le Mouvement des combattants de la paix vers 1950.
Dans les années 1980, alors que son épouse prend sa retraite, le couple s’installe à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), tout en continuant à militer.
Fernand Kittler s’éteint en septembre 1996 à Alix (Rhône).