Maurice Bertrand naît le 20 juin 1909 à Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard) où son père Justin Bertrand exerce la profession de cordonnier ; sa mère est Sophie Deshons. Facteur aux Postes, télégraphes et téléphones (PTT), Maurice milite au Parti communiste. À partir de novembre 1940, il participe à la mise en place du réseau Pat O’Leary dirigé par un médecin belge, Albert Guérisse, et dont la mission est de faire évader les prisonniers britanniques internés dans le camp W, situé dans l’ancienne école militaire de Saint-Hippolyte-du-Fort. Fin février 1941 lorsque le réseau est opérationnel Maurice Bertrand cache chez lui les fugitifs en attendant de leur procurer les moyens de quitter la région pour rejoindre l'Angleterre en passant par les Pyrénées. Il adhère en juillet de cette année-là au Front national de lutte pour l''indépendance de la France et en diffuse les tracts.
Dénoncé il est arrêté le 21 septembre 1941 par les gendarmes du Vigan. La perquisition de son logement effectuée par la brigade de gendarmerie locale permet de découvrir journaux et tracts communistes. Écroué à St Hippolyte puis Nîmes, il est transféré le 24 septembre à la prison du Fort Saint-Nicolas à Marseille. Il est jugé le 23 octobre 1941 par la section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 15e Division militaire de Marseille. Reconnu coupable d’activité communiste, il est condamné à dix ans de travaux forcés, à la dégradation civique et à vingt ans d’interdiction de séjour. Le 18 novembre, sa peine est commuée en cinq ans d'emprisonnement.
Le 5 décembre 1941, il est incarcéré à la prison Saint-Roch de Toulon. Le 15 octobre 1943, il est transporté à la centrale d’Eysses (écrou 2 316) où il prend une part active aux évènements des 19 et 20 février 1944. Remis aux autorités allemandes le 30 mai, il arrive le 2 juin au camp de transit de Compiègne-Royallieu d'où il est déporté le 18. Ce sont donc 32 mois de détention éprouvante dans les prisons françaises qu’il a subis lorsqu’il arrive à Dachau le 20 juin 1944. Il reçoit le matricule 73 093 puis est soumis à la quarantaine. En sa qualité de musicien, il joue dans l’orchestre du camp, une aide à la survie, dira-t-il. Le 11 mai 1945 Edmond Michelet lui remet un laisser-passer pour récupérer des instruments de musique afin d’exécuter la Marseillaise lors de la cérémonie célébrant la libération du camp par l’armée américaine. Le 16 mai 1945 il est rapatrié au Lutetia.
« Atroce calvaire qu’il est humainement impossible de faire admettre à ceux qui ont eu la chance de ne pas y aller » selon le récit que Maurice Bertrand en a fait en 1953.
Il retrouve à son retour son poste de facteur aux PTT. Actif dans la cellule du PCF de Saint- Hippolyte du Fort, il est toujours disponible auprès des Cigalois pour les aider dans leurs démarches administratives. Adhérant à la FNDIRP, il participe à toutes les manifestations mémorielles de sa ville, qui l’a honoré en donnant son nom à une rue de Saint-Hippolyte du Fort. Maurice Bertrand est décédé à Ganges le 25 octobre 2000.